Fragments de ma journée à Agile tour Montréal
Pour ma dernière conférence, j'étais le conférencier principal.
Être seul sur scène devant 1250 personnes, c’est une expérience extraordinaire que j’ai vécue le jeudi 28 novembre 2024 au Palais des Congrès de Montréal. Voici quelques fragments de cette journée, amusants ou émouvants, en tout cas significatifs pour moi, avant, pendant et après ma présentation.
Cocarde
Quand on arrive à Agile tour Montréal, on fait la queue pour être enregistré, comme partout. Mais le nom du truc qu’on vous donne pour mettre autour du cou est différent. Cela ne s’appelle pas un badge, mais une cocarde. En France, la cocarde est souvent tricolore, pas au Québec.
La carte que contenait ma cocarde indiquait Coach agile comme rôle et Travailleur autonome comme société.
Travailleur autonome ça me va bien, autonome c’est plus clair qu’indépendant et travailleur c’est en phase avec ma définition de l’agilité comme philosophie du travail.
Ordinaire
Être sur l’estrade avec tout ce monde qui est là pour t’écouter cela peut conduire à être considéré comme un gourou ce qui ne me correspond pas du tout. C’est pourquoi j’avais préparé une adaptation de la chanson Ordinaire de Charlebois que j’avais trouvé excellente pour exprimer mon humilité, même dans ce moment de gloire.
J’ai commencé comme ça :
Je suis un gars ben ordinaire
Des fois, j’ai pu l’goût de rien faire.
Mais, ai-je poursuivi, grâce à l’agilité :
D’autres fois, j’ai plusss l’goût de bien faire
J’f’rais des keynotes en salle plénière
J’f’rais même un sprint avec Ken Schwaber
Moi j’me fous ben de ma carrière
J’veux d’l’agilité populaire.
Voici l’original de Robert sur scène à Québec en 1974, justement l’année de la première et seule fois où j’étais venu au Canada.
La plupart des participants n’étaient pas nés à l’époque ce qui fait que, malgré la célébrité de Charlebois, je ne suis pas sûr que tout le monde ait reconnu mon pastiche d’Ordinaire. Je ne sais pas non plus si tout le monde connaissait Ken Schwaber, le co-fondateur de Scrum, aussi bien que le gros Pierre, peut-être plus sympa mais moins agile.
Populaire et solidaire
Avec ordinaire, j’étais lancé dans les rimes en -aire. Alors quand j’ai évoqué comment hier on envisageait l’agilité de demain (qui est maintenant celle d’hier), j’ai continué avec :
- l’agilité primesautière en 2005,
- l’agilité populaire en 2010,
- l’agilité des faussaires en 2015, puisque c’est l’apparition du faux agile, mais j’ai finalement dit agilité gestionnaire (comme au Québec on dit gestionnaire pour manager je ne suis pas sûr que ce soit pertinent),
- l’agilité radicale en 2020, mais ça ne rime pas.
Malgré tout, l’agilité est toujours populaire et mon souhait, avec cette inflexion vers la post-croissance, c’est que l’agilité de demain (disons 2025) devienne plus solidaire.
Post
À Agile Grenoble en novembre 2023, j’avais envisagé que l’agilité de la post-croissance c’était peut-être la post-agilité. Un an plus tard, après avoir redéfini l’agilité, je considère que l’agilité a un potentiel encore à exploiter sans qu’il soit nécessaire d’évoquer ce qui viendra après (qui n’est d’ailleurs pas identifié).
C’est pourquoi j’ai précisé au début de ma conférence que j’allais parler de post-croissance, de post-rock (oui !), de post-it, mais pas de post-agilité, pantoute !
Bon, pantoute je l’avais préparé mais j’ai oublié de le dire.
Vélo
Je montre une illustration de burndown chart avec un cycliste qui descend, le vélo étant le symbole de la décroissance.
J’ai alors demandé à l’assistance qui était venu à vélo à la conférence. J’ai compté à peine une dizaine de mains levées, ce qui fait moins de 1%. Ce n’est pas beaucoup mais peut-être que beaucoup étaient venus en transport, le métro étant très pratique à Montréal.
Bon toujours est-il que j’ai suggéré qu’augmenter la part modale du vélo pouvait être un objectif pour Agile tour Montréal 2025.
À ce moment-là, on aurait pu me faire remarquer que j’étais venu en avion, avec un impact carbone d’environ deux tonnes, et que je n’étais pas en position de donner des leçons.
Beaucoup de personnes m’ont cherché sur LinkedIn pendant ou après ma conférence. Sans succès. Je n’y suis plus depuis 10 ans.
À Agile tour Montréal, je devais être le seul à ne pas y être. Je n’ai pas vérifié auprès des 1250 participants, mais juste pour les oratrices et orateurs.
Dans ma décroissance sur les réseaux sociaux, j’ai arrêté beaucoup de choses, dont Twitter fin 2022. On peut me suivre sur Mastodon et, sans avoir besoin de suivre quoi que ce soit, s’abonner à mon fil RSS.
L’agilité expliquée à un enfant
Dans l’après-midi, nous sommes quelques-uns à avoir été questionnés et filmés par deux organisatrices (je crois) dans le but de communiquer sur les réseaux sociaux après l’évènement. Parmi les questions, il y avait :
Comment expliqueriez-vous l’agilité à un enfant ?
C’est un exercice auquel j’aurais dû être préparé, car mon petit fils a 6 ans et il arrive qu’on prononce le mot agilité. Il a vu mes livres, dont L’art de devenir une équipe agile qui lui est dédicacé.
Sur le coup j’ai donné une réponse emberlificotée, bien trop longue. Après réflexion voici que j’aurais pu dire :
L’agilité c’est une façon de travailler comme à la maternelle, on se met à plusieurs pour obtenir un résultat, avec des jeux, et sans note individuelle.
Je ne sais pas si la maternelle s’appelle comme ça au Québec.
